Tomek Kawiak. Passion dans une poche de jean

Tomek Kawiak est avant tout un sculpteur, même si sa production artistique comprend également des peintures, des graphismes, des céramiques et une dizaine de livres. Citoyen natif de Lublin, il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie, il vit en France depuis cinquante ans, où son travail est très populaire. Les sculptures de Tomek Kawiak décorent en permanence les espaces urbains du sud de la France à Mougins et à Grasse. De nombreuses sculptures réalisées par l'artiste remplissent également le paysage urbain des villes polonaises, notamment Lublin, Konstancin ou les jardins du palais présidentiel à Varsovie. Selon Tomek Kawiak, l'artiste doit toucher le public avec ses œuvres, être présent dans l'espace de la ville, et donc organiser des expositions monumentales en plein air. Ses œuvres ont figuré à plus d'une centaine d'expositions individuelles à travers le monde. La marque distinctive de l'artiste sont des sculptures représentant diverses parties de vêtements en denim, un produit extrêmement attractif dans sa jeunesse comme traces de notre époque. 

 

 


Jeunesse 

Il est né en 1943 et, enfant, il montrait un intérêt pour les beaux-arts, toujours soutenu par sa mère. Comme il le souligne dans l'interview, c'est grâce à son soutien qu'il a pu réellement se différencier et développer ses intérêts artistiques « Ma mère est issue de l'aristocratie, elle savait ce qui est le plus important, l'art tenait une place particulière chez nous. » Lorsque le temps du baccalauréat est venu, l'artiste s'en souvient comme un véritable cauchemar ; il a toujours été un humaniste, donc les examens dans des matières telles que les mathématiques, la chimie, la physique semblaient impossible à passer. Heureusement, il a obtenu son certificat d'examen de fin d'études secondaires et a décidé de passer l'examen à l'Académie des Beaux-Arts de Varsovie. Juste avant l'examen, il a dit qu'il ne pouvait pas le passer car il n'avait pas de jeans, et un véritable artiste doit avoir des jeans, et sans eux, il ne réussirait certainement pas l'examen. Comme toujours, sa mère la aidé et a acheté son jean de rêve dans le magasin PEWEX pour des dollars. Bien sûr Tomek Kawiak a été admis à l'Académie des Beaux-Arts. Il a même été immortalisé par le magazine jeunesse de l'ère Filipinka ; c’était la première publication sur Tomek Kawiak dans la presse. Dans une dizaine d'années, quand il aura les moyens pour créer des sculptures en bronze, le leitmotiv de ses œuvres sera divers vêtements en denim, en apparence simples mais expressifs, symbole de liberté, notamment la poche en denim dans laquelle on cache tous les bouts de notre vie. 

 

Tomek Kawiak avec César au Salon d'Art ART JONCTION, Nice, 1987 (archives de l'artiste)

Le premier manifeste écologique et départ de Pologne

En avril 1970, Tomek Kawiak organise la première manifestation écologique en Pologne, La douleur de Tomek Kawiak, dans sa ville natale. Le jeune artiste a été choqué par la taille brutale de beaux vieux arbres à la rue Narutowicza à Lublin. Il a décidé d'exprimer son mécontentement et, avec ses compagnons, il a préparé des invitations sous forme de tracts et d'affiches, a bandé les arbres la nuit et a versé de la peinture rouge dessus. Le spectacle n'a pas beaucoup plu aux autorités locales, heureusement il s'est terminé par des interrogatoires et des inspections fréquentes, pendant lesquelles il devait répondre aux questions comme « Qu'est-ce que vous n’aimez pas en République populaire de Pologne? ». Le jeune artiste s'est vite rendu compte qu'avec son caractère et ses modes d'expression, il ne pouvait pas fonctionner et se développer dans la Pologne communiste. Il semble que l'année 1970 ait été un tournant, car, la même année, il a quitté la Pologne pour se rendre dans la Mecque de l'art de l'époque. Beau Paris, la capitale de la France, la capitale de l'Europe, la capitale de l'art. Il est parti avec la conviction profonde qu'il y ferait certainement une belle carrière. Il avait 10 dollars dans sa poche, des cheveux longs, un chapeau traditionnel de la région de Łowicz, un sac à dos rempli de traces de ses activités et des salopettes, en jean bien sûr. 

 

Exposition de sculptures La longue Marche du Jeans à Mougins, 2018 (archives de l'artiste)

Rêve parisien

Après quelques jours ivre de Paris, il s'est rendu compte que réaliser le « rêve de Paris » ne serait pas aussi facile qu'il l'avait soupçonné. Il a dépensé ses 10 dollars, nulle part où dormir, pas de langue et pas d'amis pour l'aider. Pendant la journée, il dormait plusieurs heures dans des parcs ensoleillés et a fait la connaissance de gens différents et intéressants, des Français errant dans la ville, des hippies de différentes nationalités. Il les a regardés se comporter, ce qu'ils mangeaient, où ils dormaient. Il avait 27 ans et était diplômé de l'Académie des Beaux-Arts avec mention, il a également été assistant à la Faculté de Céramique en 1968-1970. Après tout, ce n'était pas juste pour lui de faire la quête dans la rue. Il a décidé d'utiliser ses matériaux, a commencé à dessiner des portraits sur la place du Tertre à Montmartre, il a fait de petits travaux comme le nettoyage, l'aide aux déménagements, la peinture des murs. L'hiver approchant à grands pas, il cherchait un logement dans les églises parisiennes, finalement il se retrouve dans la paroisse polonaise de la rue Saint-Honoré, où se trouve encore aujourd'hui l'église polonaise. Il y rencontre de nombreuses personnes du cercle de la Culture basé à Paris, dont Józef Czapski, avec qui il fonde le Club de la culture polonaise en 1971.

Quand vint l'année 1972, il décida de passer l'examen d'entrée à l'Académie des Beaux Arts de Paris. Son rêve était d'entrer dans l'atelier de César, un célèbre sculpteur qu'il admirait beaucoup. Lors d'une conversation d'introduction à l'art, César l'a accepté dans son groupe d'étudiants. Cependant, il n'avait toujours pas les moyens d'acheter les matériaux et les outils avec lesquels il souhaitait travailler, comme il se souvient: « Cela a coûté une fortune. Il y avait des restes trouvés dans les ordures et des fragments de vêtements abandonnés et usagés, y compris des jeans, de vieux pinceaux et des ustensiles de peinture, ainsi que tous les outils jetés par les artisans et les charpentiers. Ramasser ces déchets au petit matin a été une joie pour moi et une envie de leur donner une nouvelle vie. De cette manière, des idées pour la série d'œuvres Traces d'outils et Peintures autour d'un axe sont nées, se référant à l'échelle de motif du système métrique, mettant l'accent sur la relation entre l'idée et la trace d'action avec la citation de Héraclite sur la circonférence du cercle, où le début et la fin sont au même point. Tomek Kawiak se souvient également de ses visites dans le magasin d'artistes la mieux approvisionnée de Paris: « J'allais au BHV tous les jours. C'étaient mes visites les plus merveilleuses (gratuites), meilleures que le Louvre ou d'autres temples d'art. Là, j'ai appris des techniques que je ne connaissais pas, qui n'étaient pas disponibles en Pologne à lépoque. J'ai découvert de nouveaux matériaux, peintures, revêtements de sol et outils de travail. Pour moi, les présentations des vendeurs avaient un avant-goût du vrai théâtre, et en même temps j'apprenais le langage technique, de nouveaux termes, noms et expressions. Je pourrais penser à toute une pyramide de projets. J'y passais des heures, je sortais fatigué mais heureux, rêvant qu'un jour je travaillerais aussi comme ça ».


Habit de parfumeur, Grasse (photo: Anna Łappo-Malosse)

 

Habit de parfumeur, Grasse (photo: Anna Łappo-Malosse)

Sa propre route

Avec son approche positive du monde et des gens, il se retrouve rapidement dans le monde artistique parisien, noue de nombreuses amitiés et contacts, notamment avec le plus grand critique d'art moderne, Pierre Restany. Après quelques années, il devient lui-même maître de conférences à l'École Supérieure d'Art et de Design d'Orléans. Au milieu des années 1970, il expose déjà ses peintures en France, en Belgique, à Rome, à Milan, également en Pologne à la Galeria 72 de Chełm, la série s'intitule Moments de Tomek. Les œuvres qu'il a créées s'inscrivent dans les règles de l'esthétique qui lui étaient inculquées dans ses études: rationalité, simplicité et bon sens, faisant référence au credo « less is more » de l'architecte Mies van der Rohe, qui défendait l'esthétique pure et simple. Après cinq ans en France, il obtient également un passeport français, qui lui ouvre enfin la voie à ses voyages de rêve, dont le premier est l'Espagne colorée. Il voyageait principalement en auto-stop et en train. C'est ainsi qu'ont commencé les voyages assez proches, européens et lointains à travers le monde. L'artiste a décidé de laisser une trace dans chaque lieu nouvellement visité, dans des endroits cachés, il a laissé des briques en céramique, signées de son nom. Il en plaça l'une dans les fondations de la Pyramide de verre du Louvre, construite dans les années 1980, comme il le rappelle subversivement: « Je savais parfaitement qu'en tant qu'artiste polonais je n'avais aucune chance que mes œuvres soient un jour au Louvre, alors j'ai caché une brique avec mon nom dans les fondations ».

Dans les années 1980, alors que la situation financière lui a permis de réaliser ses sculptures de rêve en bronze, marbre et aluminium, la carrière de Tomek Kawiak saccélère. Il organise de nombreuses expositions, dont une après avoir été invité aux États-Unis, où Levis s'intéresse à ses sculptures représentant des jeans. Les spécialistes du marketing ont été tout simplement ravis de l'originalité de l'idée, mais ont également été surpris qu'aucun artiste américain n'ait utilisé le thème du denim, qui fait partie de la culture américaine. Tomek Kawiak a toujours répondu: « Vous avez un produit abordable et banal, et pour nous, habitants du bloc de l'Est ou même de la Chine, un jean original est un produit de luxe ». La société a chargé l'artiste de concevoir une fontaine pour le siège social de Levis à San Francisco. En 1990, l'artiste décide de changer le climat pour un plus ensoleillé et de vivre sur la Côte d'Azur.

 

Tomek Kawiak avec Igor Mitoraj dans son atelier, Pietrasanta, 1987 (archives de l'artiste)

Salon de l'Europe

Le déménagement à Grasse a suscité beaucoup d'inspiration et a également permis de nouer de nouveaux contacts. Le sud de la France a toujours attiré de nombreux artistes en raison de son climat doux et de ses beaux paysages. Tomek Kawiak s'est rapidement rendu compte que non seulement Paris est un haut lieu de l'art, mais la région de la Côte d'Azur également regorge de galeries d'art et de musées prestigieux. Il se lie rapidement d'amitié avec des artistes associés à l'École de Nice, un groupe d'artistes bien connu des environs de Nice, tels qu'Arman, Sosno, Klein, César, Ben, Venet et autres, avec lesquels il organise souvent des expositions de groupe. Comme il convient à toute formation artistique, le groupe avait son lieu de rencontre préféré dans le restaurant niçois Le Safari, où sur les murs il est possible d’admirer les œuvres des artistes et de Tomek Kawiak. Son amitié avec Igor Mitoraj, qui vit en permanence à Pietrasanta en Toscane, a également été ravivée grâce au travail dans des fonderies locales et ensuite exposé entre autres à Turin ou Milan. 

 

Série de statues de jeans monumentaux en bronze au bord de la mer à Nice, 2005 (archives de l'artiste)

Dans les années 90, l'artiste a acquis une grande popularité et une grande reconnaissance. Ses sculptures ont commencé à être exposées dans les espaces urbains et les galeries. Les musées et les collectionneurs d'art privés ont commencé à s'y intéresser ; il a vendu plus de 3000 sculptures au total. L'une des sculptures réalisées par Tomek Kawiak est située dans la capitale mondiale du parfum - Grasse, en plein centre de la ville en face du musée de la parfumerie. La sculpture, intitulée Habit de parfumeur, a été réalisée sur la base d'une gravure du XVIIe siècle montrant les métiers de l'époque. Dans le travail de l'artiste, ce fut le début d'une série de sculptures basées sur diverses traces de métiers traditionnels. Une autre sculpture de cette série, Vendangeur, a été érigée à Smith Haut Lafitte à côté de Bordeaux, tandis que l'autre est située dans la partie jardin du palais présidentiel à Varsovie. Une autre sculpture de Tomek Kawiak est située à Mougins en face du théâtre Scène 55, une sculpture monumentale de 3 mètres de haut, mais remplie de détails, montrant une poche de jean, au milieu il y a une définition du dictionnaire du vide, et de l'autre côté une définition de l'espace.

Bien sûr, l'artiste n'a pas oublié sa ville - Lublin, à l'intersection des rues Narutowicza et Okopowa, la sculpture-fontaine de 700 kilos montre un fragment de jean avec des éléments historiques de Lublin, comme le souligne l'auteur: « C'est extrêmement important pour un artiste de laisser une marque sur le lieu de sa naissance ». 

 

Sculpture La cinquième poche, Mougins (photo: Anna Łappo-Malosse)

Sculpture La cinquième poche, Mougins (photo: Anna Łappo-Malosse)

L'épanouissement de sa vie professionnelle

Dans toute sa production, l'artiste a plus de 100 expositions individuelles à travers le monde: États-Unis, Chine, Maroc, Italie, Grèce, Amérique du Nord et du Sud, Inde, Europe centrale. Il aime particulièrement les expositions monumentales en plein air (3 à 5 mètres de haut), selon Tomek Kawiak: « L'art doit être sur les trottoirs de nos villes, il faut sortir avec son travail vers le destinataire, le montrer donc compléter l'espace urbain est l'une de mes formes préférées d'exposition et de contact avec le public ».

Alors que de nombreux artistes s'inspirent de leurs nombreux voyages, Tanger au Maroc est l'un de ces endroits où il a décidé de passer plus de temps. C'est une ville magnifique, internationale et extrêmement colorée, l'artiste y a son atelier, où il a créé 500 tableaux inspirés de la ville Tanger dans ma poche

 

La série de tableaux Tanger dans ma poche (archives de l'artiste)

Il est à noter que Tomek Kawiak est également un collectionneur d'œuvres d'art. Dans sa collection privée, il a rassemblé plus de 150 œuvres, toutes sont passées entre ses mains sur la base d'un échange entre artistes, c'est-à-dire du troc-art: « Et donc j'ai utilisé cette méthode, j'ai rassemblé mes trésors d'art comme un hamster, parfois c'étaient de petites traces de réunions, de cartes postales, de croquis ou de photos, mais je les conservais toujours en pensant qu'un jour ce serait ma collection. » La collection de l'artiste comprend des peintures, des croquis, des sculptures d'artistes tels que: M. Chagall, M. Abakanowicz, P. Potworowski, L. Tarasewicz, T.Tyszkiewicz, T.Kantor, I.Mitoraj, S.Ambroziak, F.Botero, A. Warhol, L. Kijno. L'artiste a proposé de transmettre cette collection pour la ville de Lublin.

Depuis plusieurs années, Tomek Kawiak est également l'auteur de livres sur l'art et son histoire. Un élément très intéressant est l'album avec le commentaire de l'auteur intitulé Statues renversées. L'album présente des histoires de monuments démolis de l'Antiquité à nos jours, chaque photo est accompagnée d'une courte histoire de la statue qui n'existe plus. Lechosław Lemański, professeur d'histoire de l'art dans la revue Akcent a écrit: « La force et la valeur de son travail sont l'interdisciplinarité et la fraîcheur de l'expression, qui ne se limite pas uniquement aux œuvres artistiques, même si ce sont certainement elles qui déterminent la place et le rôle de l'artiste, tant au marché national de lart que international. Depuis quelque temps déjà, nous avons également eu l'occasion de le connaître en tant qu'homme extraordinaire de la plume, l'auteur de plusieurs livres intéressants qui attirent l'attention (avec un contenu intrigant, un langage suggestif et une narration nouvelle), et l'original - définitivement proche à l’auteur - la conception graphique est intéressante ».

La série de tableaux Tanger dans ma poche (archives de l'artiste)

En 2017, il s'installe dans une ville calme et pittoresque des Alpes françaises au pied du Mont Blanc. La vie dans une ville plus petite, proche de la nature, est plus calme, mais l'artiste lui-même n'a pas ralenti ; il travaille, sculpte, peint, crée des céramiques et des graphiques tout le temps. Chaque année, il prépare environ 2-3 expositions individuelles ou collectives. Dans son temps libre, il aime les longues promenades avec ses amis à quatre pattes, Naja et Lola.

 

Tomasz Kawiak s'est vu remettre la Médaille d’argent du Mérite culturel polonais Gloria Artis pour la promotion de la culture polonaise à l'étranger, la Croix du Mérite cernée par le Président de la République de Pologne et la médaille "700 ans de la ville de Lublin", comme ainsi que l'ordre des Arts et des Lettres.

  

Expositions d'artistes prévues:

21 mai 2021 à la Galerie Beta 16 à Varsovie, rue Wilcza 18

23 mai 2021 au Musée de la Région Lubuskie à Zielona Góra (Galerie d'Art Contemporain Nowy Wiek), visite 3D de l'exposition https://mpembed.com/show/?m=coNBFFLyFHW&mpu=109&fbclid=IwAR2-hje4ZZzgDTFnV9kReIXLcrs-BaIZFBV6b56LacC1f3KQVmEXo9k_2Hw

2022 au Centre d’Art Galeria EL à Elbląg

 

 Bibliographie:

Tomek Kawiak [documentaire]. Réalisé par N. Ziółkowska-Kurczuk. Lublin: Fondation TATO 2018, CD-ROM.

KAWIAK Tomek, Zwalone posągi, Fondation TATO, Lublin, 2004.

LAMEŃSKI Lechosław, Tomek Kawiak. Rzeźbiarz, performer, malarz, rysownik, showman, magazine Akcent  2008 nr 4 (162).

Cultural magazine  – wywiad z Tomaszem Kawiakiem,  18 octobre 2017 [Film en ligne]. Réalisé par Telewizja Polska Lublin [consulté le 2 décembre 2020]. Disponible sur: https://www.youtube.com/watch?v=0PkTumoXgcI

Premiera filmu „Tomek Kawiak”, 23 novembre 2018 [Film en ligne]. Réalisé par Telewizja Uniwersytetu Marii Curie-Skłodowskiej [consulté le 2 décembre 2020]. Disponible sur: https://www.youtube.com/watch?v=jydSkTTEOOg

Entretiens téléphoniques réalisés du 15 septembre au 5 novembre 2020.

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Traduction: Mateusz Kaczmarek

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